Bienvenue sur le site d’André Rudaz
Santiago de Compostela-Guimarães
Losone - Guimarães 05/05/09 - 23/05/09
km 180 160 160 120 145 160 165 110 155 140 145 130 130 105 100 155 120 130 110 2620
dénivélation 2645 790 970 2100 2400 1760 1370 1500 2610 1585 1140 575 1315 1680 1400 2190 1490 2870 1910 32’300
Introduction et considérations C’est la première fois que je me suis lancé dans une aventure aussi difficile. En effet je n’ai jamais pédalé plus de 11 jours consécutifs. Cette fois j’en ai prévu presque le double ! En outre, ma préparation a été mise en difficulté par plusieurs contretemps à partir de début mars : sinusite, bursite et bronchite. Pour ces raisons, j’ai dû reporter le départ au 05/05/2009, alors qu’il était fixé au 30/04/2009. J’étais tout de même satisfait de pouvoir partir avec 4200 km dans les jambes et presque 200 heures de selle ! Non seulement je me sentais bien préparé physiquement, mais ma "randonneuse Cattin" a été formidable ! Pas de crevaison durant tout le trajet et aucun problème mécanique malgré un paquetage de 12 kg répartis dans 3 sacoches. Par respect pour les pèlerins, j’ai voyagé sur le « Camino Francés » à partir de Puente la Reina (près de Pampelune) sur des routes goudronnées part 10 km parcourus sur un sentier). En effet, j’avais à cœur de ne pas déranger ces marcheurs pour lesquels j’ai une grande admiration. J’ai vu plusieurs groupes de cyclistes avec une voiture suiveuse, mais cette façon de voyager ne correspond pas à mon style! J’ai aussi remarqué que bien des taxis font des affaires en voyageant sur les routes adjacentes au sentier des pèlerins….quand on en peut plus…!! Un merci au syndic Corrado Bianda et au secrétaire Silvano Bay de la commune de Losone pour leur disponibilité lors du timbrage de ma “Credential de peregrino”. Je n'oublie pas non plus Jocelyne pour son aide à la rédaction. M ardi 05 mai Losone-Leytron 180km 2645m 7:30-19:00 accès diaporama 11 photos La montée du col du Simplon est plutôt laborieuse, en effet le vent contraire est intense. Les murs de neige au sommet sont, pour la saison, impressionnants et la température est proche de 0°. Quelques jours auparavant le col était fermé suite au danger d’avalanches. À 15 :00 je suis à Brigue. Pour atteindre Leytron, je lutte contre le vent pendant 70 km. C’est sur des routes secondaires, en grande partie le long du Rhône, que j’atteins finalement mon objectif. Là, un cycliste local, Pierre, me trouve une chambre. M ercredi 06 mai Leytron-Frangy 160km 790m 8:45-16:30 accès diaporama 10 photos Après 2 km, je fais un arrêt important : Saillon, petit village médiéval avec ses bains thermaux. Je tenais à passer dans ce petit bourg parce que ma mère, originaire de ce village, repose avec mon père dans le cimetière communal. Henri Thurre, enfant du pays, m’attend à l’entrée du village. Après m’avoir fourni le maillot « Saillon », nous passons à la phase photos! Avant de repartir, toujours avec Henri, nous allons au bureau postal pour timbrer la « Credential de peregrino » qui me permettra d’obtenir, à St Jacques, la « Compostela », mais il manque encore 2000 km !! Le parcours le long du lac Léman passe rapidement grâce à la compagnie d’un cyclo Suisse qui se prépare pour un long voyage jusqu’en Ethiopie ! Sur une petite route secondaire, évitant ainsi le trafic, je rejoins le col du Mont de Sion. Puis presque tout en descente, j’arrive à Frangy, dans le département de la Haute-Savoie. J eudi 07 mai Frangy-Sarras 160km 965m 7:00 15:40 accès diaporama 12 photos En parcourant à peine 20 km je réussis à « toucher » 3 départements : Haute-Savoie, Ain et Savoie. La première partie du parcours se déroule sur la rive gauche du Rhône. À Aoste je fais une pause. J’échange quelques paroles avec une cyclotouriste qui est partie de Fribourg (Suisse) et qui se rend elle aussi à St- Jacques, en VTT, en faisant des étapes de 50-70 km par jour. Je laisse le Rhône pour entrer dans le département de l’Isère puis de la Drôme et enfin de l’Ardêche sur un parcours plutôt vallonné en passant par le col du Banquet. Je retrouve le Rhône à St Vallier. Je remarque que son volume a presque doublé ! Je le traverse et m’arrête définitivement à Sarras. V endredi 08 mai Sarras-Le Puy-en-Velay 120km 2100m 7:00 17:00 accès diaporama 34 photos Le ciel n’est plus serein comme les jours précédents, mais la température est idéale. Aujourd’hui m’attend une étape comprenant 9 cols avec une quasi inexistence de tronçons plats. Le paysage est magnifique, il manque uniquement le soleil. J’entre dans le département de la Haute- Loire. À Montfaucon-en-Velay, je dois m’arrêter une heure pour laisser passer un orage. À Yssingeaux, je peux enlever le poncho, la pluie a cessé. La ville du Puy-en-Velay est gracieuse, avec au sommet d’un rocher la chapelle de Saint-Michel d’Aiguilhe (X-XII siècle) et sa cathédrale, elle aussi au sommet de la ville. Par sa dimension, la statue Notre-Dame de France (1860) domine toute la ville. Elle a une hauteur de 22,70 m et pèse 835 tonnes. Elle a été créée avec le métal de 213 canons russes conquit durant la guerre de Crimée. C’est Napoléon III qui a offert les canons à la ville. Je passe ma première nuit dans un refuge pour pèlerins. L’ambiance cosmopolite est sympathique. Un Frioulan prépare des pâtes, un Allemand le strudel, 2 Brésiliens lavent les plats, une Suissesse (Valaisanne) enregistre les arrivées des pèlerins et un Français distribue une petite feuille pour chanter ensemble une chanson du pèlerin. Je passe une nuit tranquille grâce aux tampons auriculaires ! S amedi 09 mai Le Puy-en-Velay-Espalion 145km 2400m 6:45 17:15 accès diaporama 28 photos L’étape la plus dure. Non par la dénivellation (plus importante l’avant dernier jour), mais par le vent qui souffle durant toute la journée. Cela sera l’unique jour où j’ai eu des doutes quant à la possibilité d’atteindre la destination journalière prévue ! Heureusement le paysage est splendide. Routes sans trafic, animaux qui broutent en toute tranquillité, fermes dispersées dans la nature, prés en fleurs, aucune ville mais seulement des villages à traverser. Je quitte le département de la Haute-Loire pour entrer en Lozère après avoir franchi le Pas de l’Âne (1104 m). À Nasbinals je pense finalement pouvoir atteindre le but prévu. En effet, je suis à 35 km d’Espalion (340m), mais je me trouve encore à 1100 m d’altitude. La descente devrait bien arriver à un certain moment ! J’entre dans le département de l’Aveyron, franchis le col d’Aubrac (1324 m) et enfin je commence la descente jusqu’à Espalion. Ouf ! Le soir, en contrôlant mon courrier électronique, je découvre les photos prises par Henri Thurre à Saillon ! D imanche 10 mai Espalion-Montauban 160km 1760m 8:15 17:30 accès diaporama 29 photos À 9 km d’Espalion, je peux admirer le « Trou de Bozouls ». C’est un cirque naturel, en forme de fer à cheval, d’un diamètre de 400 m et de 100 m de profondeur. Le tout creusé par la rivière Dourdou. Je m’arrête à Rodez pour visiter la cathédrale. Avant Rignac, une route secondaire sans trafic, me conduit à Villefranche-de-Rouergue, jolie petite ville sur l’Aveyron. Je parcours une route qui ne cesse de monter et descendre et j’entre dans le département du Tarn et de la Garonne. Je traverse Parisot, Caylus, Caussade et décide de poursuivre ma route jusqu’à Montauban. C’est dimanche, le centre ville est presque désert. L undi 11 mai Montauban-Tarbes 165km 1370m 7:45 16:20 accès diaporama 20 photos Je traverse le canal du Midi à Montech. Ce canal relie la Méditerranée à l’Océan Atlantique et a été construit en 1681. Après avoir traversé la Garonne, j’entre dans le département du Gers. À Mauvezin, je prends une route secondaire pour rejoindre Auch. Cette ville se trouve sur le chemin de St-Jacques-de-Compostelle (chemin de Arles). J’entre dans le département des Hautes-Pyrénées et depuis Rabastens-de-Bigorre, je rejoins Tarbes en suivant une ligne droite de 17 km. C’est le septième jour de voyage, j’ai parcouru 1090 km (155 km par jour). Demain j’attaquerai les Pyrénées. M ardi 12 mai Tarbes-Osse-en-Aspe 110km 1500m 7:45 15:30 accès diaporama 26 photos Après 20 km, j’atteins Lourdes. Je visite le sanctuaire et je profite de faire timbrer ma carte. La visite fait réfléchir : en voyant tant de souffrance, on ne peut qu'être touché dans son for intérieur. J’entre dans le département des Pyrénées-Atlantiques et à Lestelle-Bétharram, je peux admirer le sanctuaire de Notre-Dame de Bétharram. Un tronçon avec plusieurs montées me conduit à Louvie-Juzon. Je remonte la vallée d’Ossau jusqu’à Bielle pour attaquer le col de Marie Blanque. Le début est plutôt raide. Ce sera le seul moment de tout mon voyage où j’aurai trop chaud ! À partir de Escot, je suis sur la route qui mène au col de Somport. Je m’arrête à Osse-en-Aspe. Je n’ai pas le courage d’attaquer le col de Houratate. D’une part, je ne me suis pas suffisamment alimenté et d’autre part, je ne sais pas je pourrai dormir. En effet, la station de ski de la Pierre St Martin est éloignée et probablement les hôtels seront fermés vu que la saison hivernale est terminée. M ercredi 13 mai Osse-en-Aspe-Tiebas 155km 2610m 7:45 19:00 accès diaporama 46 photos Changement de temps, la route qui conduit au col de Houratate (1109 m) disparaît dans le brouillard. Les pourcentages sont bien présents ! J’arrive au sommet mouillé par le brouillard. Pour le moment, je n’ai rencontré que deux ânes, mais aucun être humain, ni véhicules. Je franchis le col de Bouesou (1009 m) et le col de Labays (1351 m). Je rejoins ainsi la route principale qui conduit à la station de ski de la Pierre St Martin. À la hauteur du Pas de Guillers (1436 m), je sors enfin du brouillard. Je franchis le col du Soudet (1540 m) pour m’arrêter à la station de ski. Effectivement, tout est fermé sauf un bar où je peux manger un sandwich. À 12 :30 je suis au sommet du col (1760 m) de la Pierre St Martin et, surprise, la route est complètement barrée avec des blocs en ciment. Elle est fermée suite aux travaux effectués sur le versant espagnol. Que faire ? Une jeep monte du côté espagnol. Ce sont deux gardes en inspection, lesquels me confirment que la route est fermée. Convaincus par mon insistance, ils me disent que les ouvriers mangent de 13 :00 à 14 :00 et que je pourrai profiter de cette pause pour passer. Ils m’aident à porter ma randonneuse de l’autre côté des blocs de ciment et me photographient devant le panneau du col. Maintenant je suis en Espagne dans la province de Navarre. Après avoir franchi le portillo de Eraice (1578 m), j’arrive dans la zone des travaux. Effectivement, les ouvriers sont absents et la route, non goudronnée sur 200 m, ne me cause aucun problème. À Burgui je prends à droite, en direction du Puerto las Corunas (950 m). À la Foz de Arbayún, je fais une halte. La gorge, profonde d’environ 400 m, est impressionnante. On peut entendre mille rumeurs provoquées par des oiseaux qui sont dans leur élément. C’est une des importantes concentrations d’oiseaux rapaces du continent européen. Il y a des aigles, des éperviers, des faucons, des hiboux, etc. Après avoir gravi encore les cols de Alto de Iso (670 m) et Puerto Loiti (724 m), j’arrive enfin à Tiebas, mort de fatigue ! Pas étonnant, ce fut une journée avec 12 cols ! Le soir, je dors au “Refugio municipal”. Nous sommes seulement deux, moi-même et un jeune de Barcelone qui parcourt le chemin de Compostelle en VTT. Nous allons manger ensemble dans un bar voisin puis je vais dormir. Le jeune, par contre, reste pour regarder la finale "Copa del Rey" Barcelone-Atletico Bilbao qui commence à 22 :00, trop tard pour moi !! J eudi 14 mai Tiebas-Santo Domingo de la Calzada 140km 1585m 7:15 17:30 accès diaporama 40 photos Départ sous une fine pluie ! Je mets mon poncho jusqu’à Eunate se trouve l’Ermita de Santa Maria di Eunate, édifice construit par les “templiers” au XII° siècle. L’église a la forme octogonale du temple de Jérusalem. Je continue quelques kilomètres et m’arrête à Puente la Reina pour manger. Pour sortir de la bourgade, je traverse le magnifique pont de Dona Mayor sur la rivière Arga. Maintenant je suis sur le « Camino Francés » et suis impressionné par la quantité de pèlerins. Devant moi il y en a un qui, équipé de bretelles, tire un petit chariot tout en aluminium. Intrigué par ce matériel, je m’arrête à sa hauteur et, avec mon maigre vocabulaire espagnol, je lui pose quelques questions. Il me répond en portugais. C’est un chauffeur de camion à la retraite qui peut enfin réaliser son rêve, voyager ! Il est parti de Grenoble à fin mars. En apprenant que je suis Suisse, il me montre, sous son chariot, une plaquette « made in Switzerland ». Au fil de la discussion, il me dit qu’il vit en France depuis 30 ans. C’est à ce moment que nous découvrons que nous parlons les deux français !! Quand je lui explique que je désire poursuivre mon voyage jusqu’au Portugal, il m’apprend que je passerai près de son village d’origine. Autre découverte, il a une fille mariée en Valais ! Je traverse Estella en passant devant la “Iglesia Santo-Sepulcro” et je m’arrête à Los Arcos pour boire un café avec un pèlerin cycliste français qui est parti de Marseille. Un autre arrêt à Logroño, capitale de la Rioja, où je peux admirer la cathédrale et me ravitailler. À Santo Domingo de la Calzada, je loge dans la maison du « peregrino ». Quel luxe, même si l’on dort dans des chambres de 40 personnes, on dirait un « parador » (Le terme espagnol Parador désigne une catégorie d'hôtellerie de luxe fondée par le roi Alphonse XIII pour promouvoir le tourisme en Espagne dès 1928. Ces établissements trouvent leur place dans des châteaux, des forteresses, des couvents, des monastères et d'autres édifices historiques). La capacité est de 150 pèlerins, j’arrive en 139ème position, j’ai eu de la chance ! V endredi 15 mai Santo Domingo de la Calzada-Fromista 145km 1135m 7:15 16:30 43 photos Il fait très froid. Je dois partir avec les gants et le maillot à longues manches. J’entre dans la région « Castilla y Léon » et plus précisément dans la province de Burgos, pays du « El Cid ». À Belorado, je vois des cigognes sur un clocher. En vitesse je fais une photo pour ne pas perdre cet événement ! Je me rendrai compte, plus tard, qu’il sera plus difficile de photographier un clocher sans cigognes ! Dans la montée du Puerto della Pedraja (1150 m), j’aperçois de temps en temps, entre les genêts, des pèlerins sur leur sentier. J’arrive à Burgos en passant la “Puerta de Santa María” qui conduit à la cathédrale. Et quelle cathédrale ! Probablement la plus belle et riche vue jusqu’à présent ! La température est plus douce. Je traverse des champs de couleur très verte surtout dans la région de Castrojeriz. Maintenant je me trouve au pied d’une des nombreuses montagnes couvertes d’éoliennes qui profitent du vent. J’en ressens d’ailleurs aussi les effets, cela fait un moment que je lutte contre ! En plus, le revêtement rugueux me donne l’impression de coller à la route ! Un panneau : Santiago di Compostela 497 km ! J’entre dans la province de Palencia. À l’entrée de Fromista, je découvre le “Canal de Castilla” long de 207 km. Sa réalisation a commencé en 1763 et a duré presque un siècle ! S amedi 16 mai Fromista-Léon 130km 575m 6:30 13:30 accès diaporama 29 photos Aujourd’hui je dois atteindre Léon le plus rapidement possible pour éviter le fameux vent de la Castille. Toutefois, je ne pourrai pas partir avant 6 :30 à cause de l’obscurité. Il y a un décalage du lever du jour par rapport à la Suisse. Hier soir, lorsque j’ai demandé à l’hôtelier s’il était possible de me servir le petit-déjeuner à 6 :00, j’ai compris que pareille requête était très rare en Espagne ! Malgré l’heure matinale, il y a déjà plusieurs pèlerins qui marchent sur le sentier qui longe la route. Je traverse Carrion de los Condes et à la sortie je peux admirer la façade du monastère de San Zoilo. Ensuite, j’entre dans la province de Léon et rejoins Sahagun en passant sous l’ « Arco de San Benito ». Le vent est encore supportable, mais il augmente constamment. Heureusement, à un moment donné, je change de direction et il devient tout- à-coup mon allié ! La ville de Léon me plait. Les grands vitraux colorés de la cathédrale sont de toute beauté. La lumière à l’intérieur est très particulière. Par contre, j’ai été plus impressionné par la cathédrale de Burgos qui est plus imposante et plus riche. La basilique de San Isidoro, construite en 1023, mérite aussi une visite. Après l’appel quotidien à la maison depuis une cabine téléphonique, je retourne à l’hôtel, un magnifique trois étoiles, pour enfin me reposer. Dans trois jours je serai déjà à St-Jacques, comme le temps passe vite ! D imanche 17 mai Léon-Villafranca del Bierzo 130km 1315m 7:30 16:30 accès diaporama 50 photos Je sors de la ville sans aucun problème et atteins Astorga. Cette petite ville de 12'000 habitants possède un édifice conçu par Antoni Gaudí dans un style néo-gothique. Il s’agit du « Palacio Episcopal », transformé en « Museo de los Caminos » qui conserve des manuscrits, documents, peintures et statues se référant aux pèlerinages de St-Jacques-de-Compostelle. L’instinct me pousse à entrer dans le village de Castrillo de los Polvazares (80 habitants !) qui se trouve légèrement en dehors de la route principale. Quelle beauté, vraiment une surprise pour moi. Toutes les maisons, très basses, ainsi que le sol sont de couleur brique. Dans pareil décor, heureusement que la circulation des véhicules à moteur n’est permise qu’aux habitants ! Je traverse El Ganso, Rabanal del Camino et Foncebadón où je m’arrête pour manger. Je suis dans les « Montes de Léon » sur le Puerto de Foncebadón (1500 m) se trouve la « Cruz de Hierro » au pied de laquelle chaque pèlerin dépose un caillou amené de son pays. Dans mon cas je l’appellerai « petit caillou » provenant de Losone ! J’arrive à Ponteferrada je pensais passer la nuit, mais la ville ne me plaît pas particulièrement. Je poursuis donc ma route jusqu’à Villafranca del Bierzo où je trouve une place dans le refuge pour pèlerins. Je fais le connaissance d’un Français qui parcourt le chemin par profession, c’est-à-dire qu’il a crée une association dans le but d’aider des personnes en difficultés de vie en les accompagnant sur ce chemin. En ce moment il est avec un jeune qui vient de sortir de prison. Avant de servir le repas, le maître du refuge nous invite à nous donner la main formant ainsi une chaîne. Il se place également dans la chaîne et récite une petite prière. Malgré mes convictions sur la religion, je m’adapte par respect du groupe. L undi 18 mai Villafranca del Bierzo-Portomarin 105km 1680m 7:30 15:40 accès diaporama 27 photos Quel “fricasse”* ! Après 10 km, dans la montée à Puerto de Pedrafita (1109 m), je m’arrête dans un bar pour me réchauffer et mettre les couvre-chaussures. J’observe une jeune "cyclotte" hollandaise qui monte sans être équipée pour cette température, elle est transie de froid. Au sommet du Puerto de Pedrafita, j’entre en Galice dans la province de Lugo. La plupart de ces petits villages, comme Manjarín, Acebo et bien d’autres, ont repris vie grâce au passage des pèlerins. Le paysage qui conduit au Puerto El Povo (1337 m) est magnifique. Je me trouve dans la “Cordillera Cantábrica”. Je timbre la “Credential de peregrino” dans le monastère de Samos. C’est impressionnant de voir une construction si imposante pour un village aussi petit (2050 habitants !) Je traverse Sarria et, sur environ 10 km, j’emprunte pour la première fois le sentier des pèlerins en cherchant à les respecter au maximum. Je passe devant un magnifique arbre séculaire. Je retrouve la route goudronnée près de Belante. Je découvre le village moderne de Portomarin sur le "Monte Cristo", l'ancien village ayant été anglouti par les eaux du barrage Belessar, construit en 1962 sur le fleuve Miño. Seuls quelques importants édifices, dont l’église de « San Nicola », ont été déplacés pierre par pierre dans le nouveau village. Sur le côté droit de l'église l'on peut encore voir des pierres comportant un numéro gravé lors du « démontage » afin de permettre une fidèle reconstruction *Expression suisse pour dire qu’il fait très froid ! M ardi 19 mai Portomarin-Santiago de Compostela 100km 1400m 7:30 13:30 accès diaporama 29 photos Ce n’est qu’une heure après mon départ que le brouillard va se dissiper. Je dépasse beaucoup de pèlerins à pied. J’évalue qu’ils doivent peut- être encore marcher 3-4 jours pour atteindre St-Jacques. Je traverse Palas de Rei pour entrer ensuite dans la province de La Coruña. Je poursuis ma route en direction de Melide et Arzúa dans une succession de montées et descentes. Je timbre ma « Credential » à l’hôtel Suiza de Arzúa! J’arrive près de l’aéroport de St-Jacques depuis lequel je peux deviner, dans le lointain, la ville. L’approche est ennuyeuse, il me semble ne jamais y arriver. Cela doit être pire pour ceux qui vont à pied ! Finalement, j’atteins l’imposante place de la cathédrale. Cela me fait un drôle d’effet, je suis dans un anonymat total parmi de nombreux touristes. Je prends plusieurs photos, puis j’entre dans la cathédrale pour un bref et intense moment. Ensuite, je fais la colonne pour obtenir la « Compostela ». Cela me permet de discuter avec d’autres pèlerins. Ce sont des Canadiens et ils ont parcouru la via del Norte. Je trouve un hôtel en dehors du centre historique. Je retourne à la cathédrale pour la visiter avec calme et ensuite déambule dans le centre. Je suis content que mon voyage ne se termine pas ici. Le contraste serait trop fort d’affronter tout de suite le retour après tous ces jours passés en contact avec la nature et les pèlerins. Je mange dans un « tapas ». Ensuite je téléphone chez moi et envoie quelques e-mail depuis un « Internet Point » bondé. M ercredi 20 mai Santiago de Compostela-Capo Finisterre-Muros 155km 2190m 6:45 18:15 39 photos A nouveau le brouillard, cette fois il est plus dense que les jours précédents. Peut-être parce que je me trouve plus près de l’Océan ! Il se dissipe à Negreira. À Cée, à 18 km du cap Finisterre, je m’arrête près d’un camper avec plaques suisses TI (Ticino ou Tessin en français). Je demande aux voyageurs d’où ils viennent : Rancate, c’est un couple dont le mari est originaire de la Neuville (pas très loin d’où j’ai vécu pendant 20 ans). Sa femme vient d’Isérables, près de Saillon, pays d’origine de ma mère. Il est clair que la conversation se poursuit en français ! De temps en temps, j’observe des bornes sur le bord de la route. Elles ont une plaquette indiquant les km restant pour atteindre le cap avec une précision au cm ! Le cap Finisterre (fin de la terre) représente le km zéro pour les pèlerins ! Je prends les traditionnelles photos : le soulier en bronze, qui semble vrai, quelques habits brûlés par divers pèlerins comme le veut la tradition, la croix en pierre, mais surtout le magnifique paysage. Pour jouir pleinement du paysage, j’emprunte une petite route goudronnée avec une terrible pente, ainsi je peux admirer le village de Fisterra à 3-4 km. Je poursuis ma route en direction de Muros avec un arrêt à Èzaro. Depuis son « mirador », on peut observer le barrage sur le fleuve Xallas et l’entrée de ce dernier dans l’Océan. J eudi 21 mai Muros-Puentecaldelas 120km 1490m 7:45 15:45 accès diaporama 17 photos Je suis sur les routes de « Ria de Muros y Noia ». C’est la marée basse et je peux observer de grandes plages de sable. Je traverse le fleuve Tambre avant Noia. Je franchis la Sierra de Barbanza pour ensuite descendre en direction de Taragona. Aujourd’hui c’est une mauvaise journée. Je n’arrive pas à trouver la motivation malgré un paysage intéressant. Peut-être est-ce au fait que j’ai déjà atteint les deux objectifs principaux (St-Jacques et cap Finisterre) ? Je pédale pour pédaler. Cette fois je suis dans le « Ria de Arousa » et je traverse le fleuve Ulla qui marque la frontière entre les provinces de La Coruña et Pontevedra. Je me trouve à 30 km de St-Jacques ! Je m’arrête à Carril pour manger. La traversée de Vilagarcia est très pénible à cause du trafic intense. J’arrive à Pontevedra où je fais un autre arrêt pour me renseigner sur les possibilités de dormir à Puentecaldelas. Demain, j’espère que la journée sera meilleure ! V endredi 22 mai Puentecaldelas-Lobios 130km 2870m 7:00 17:30 accès diaporama 52 photos Encore un départ dans le brouillard, mais cette fois le plafond est plus haut. Je traverse la Sierra del Suido avec un trafic pratiquement inexistant. À l’entrée de Maceira, heureusement en légère descente, je dois m’éloigner rapidement de deux chiens plutôt agressifs ! J’attaque le Puerto de Moncelos (800 m) au milieu de magnifiques genêts. Le brouillard a disparu, mais le ciel reste couvert. Une longue descente me conduit jusqu’au fleuve Miño qui fait la frontière entre l’Espagne et le Portugal. La crise morale du jour précédent a disparu et je pédale à nouveau avec une grande motivation. J’entre dans la « Serra Peneda » qui se trouve dans le « Parque National da Peneda-Gerês » et, comme par enchantement le ciel devient bleu. Malgré l’état de la route et la forte pente qui me conduit à la « Portela do Lagarto » (975 m), je réussis à apprécier ce moment. Il y a d’énormes blocs de rocher couleur noir-gris, en équilibre précaire, qui ressemblent à des formes animales ou humaines. Je m’arrête à Peneda pour visiter le sanctuaire avec son magnifique escalier. À Rouças, je peux admirer de nombreux murs en pierres qui délimitent les terrains. A la sortie du village, une dure montée que je n’avais pas prévue m’attend. Je pensais qu’il ne me restait que de la descente jusqu’au fleuve Lima ! Après avoir traversé le barrage sur le fleuve Lima, j’entre à Lindoso pour admirer les « espigueiros », disposés sur une plateforme rocheuse au pied du château. Ces greniers, environ 60, forment un extraordinaire spectacle. Ils ressemblent à un cimetière de petits édifices en ciment, posés sur des échasses et coiffés dans la plupart des cas, de une ou deux croix. L’exécution, très soignée, remonte au XVIII et XIX° siècles. Ils sont encore utilisés pour la conservation et le séchage du maïs. Je décide de dormir en Espagne et je poursuis ma route jusqu’à Lobios dans la province de Ourense « touchant » ainsi toutes les provinces de la Galice. Aujourd’hui, ce fut une magnifique étape malgré une importante dénivellation ! Demain, dernière journée ! S amedi 23 mai Lobios-Guimarães 110km 1910m 8:15 17:30 accès diaporama 48 photos Départ pour la Portela do Homem (750 m) qui marque la frontière entre l’Espagne et le Portugal. La Serra do Gerês fait toujours partie du “Parque Nacional da Peneda-Gerês”. La seule rencontre que je ferai durant la montée est un petit serpent. Par prudence (mais surtout par peur) j’utilise le zoom pour le photographier ! J’entre à nouveau au Portugal et poursuis ma route en direction de la Portela del Leonte (855 m) au milieu d’une magnifique forêt. Ce parc national est vraiment splendide ! En descente, j’arrive à Gerês avec ses bains thermaux, puis toujours en descente je me retrouve au bord d’un lac artificiel sur le fleuve Cávado. Une longue montée, à la pente agréable, me permet d’observer le lac. À la bifurcation de la N103 je fais un aller-retour jusqu’à Vieira do Minho, village d’origine d’une connaissance. Avant Braga je monte au sanctuaire de Bom Jesus une magnifique vue sur Braga récompense mon effort. Un gigantesque et impressionnant escalier baroque mène jusqu’à l’église. Les jardins devant l’entrée sont très bien entretenus. Je m’arrête à Braga, (174'000 habitants) pour visiter le centre historique et timbrer à la cathédrale, pour la dernière fois, la “Credencial de peregrino”. Encore 25 km et j’arriverai au terme de mon périple : Guimarães (160'000 habitants). J’avais décidé de finir mon voyage dans cette ville qui est le lieu d’origine d’une connaissance de Locarno. À noter aussi un fait historique, c’est dans cette cité qu’a été proclamé le premier Roi du Portugal : Alfonso Henriques, en 1139. Retour J’avais planifié le retour avec un bus qui relie la Galice à la Suisse trois fois par semaine (le mardi, le jeudi et le samedi) avec quatre arrêts : Genève, Lausanne, Bâle et Zürich. Le sort en a décidé autrement ! En effet l’ami Federico, lequel est toujours disponible, décide avec son épouse de faire le voyage jusqu’au Portugal. Nous nous retrouvons donc à Guimarães et décidons de visiter d’autres villes : Porto, Fatima et Lisbonne. Le retour se fait en deux étapes avec une nuit à Pau. Un grand merci à Fede et Mara pour m’avoir permis d’effectuer un beau retour en bonne et sympathique compagnie.
Click sur le point rouge sur la carte pour accéder au récit/diaporama correspondant
it